Sofitel Manhattan / 2806

 

Sofitel Manhattan / 2806  

 

Strauss-Kahn sabe amanhã se vai a julgamento. 

                                                                        "c'est la queue qui mène le monde"

                                                                                                                                       Serge Gainsbourg  

 

Depuis dimanche soir nous sommes bombardés par un flot d’informations qui nous apprend que le pressenti candidat  aux présidentielles  du PS en 2012 est  aux arrêts, accusé de viol et séquestration d’une femme de chambre à New York, où il séjournait le week- end pour un rendez- vous familial, probablement un déjeuner avec sa fille.

A la suite de quoi, il nous a été donné d’entendre toutes sortes de révélations sur le comportement  sexuel de l’homme politique, avec des détails sur la façon insistante et lourde dont il fait la cour à ces dames - pouvant s’apparenter à du harcèlement dans certains cas - souvent obligées de le chasser quand, pire encore, elles ne sont pas obligées de se défendre bec et ongles, car le mâle ne recule devant rien.

Le plus étonnant c’est qu'en même temps  que  les langues se délient, beaucoup de journalistes et personnages politiques confient, entre deux micros, que  cela était parfaitement prévisible compte tenu des affaires passées. La majeur partie du temps elles ont été bien étouffés par la presse, qui tratait cela avec une certaine complaisance, n'abordant pas ce qu'elle avait définie comme sujets de "vie privée". Cependant son attitude n'avait pas changé, bien au contraire, ses agissements allaient crescendo. Sarkozy, connaissant la bête et son grand appétit, l’a envoyé au casse- gueule, là où il savait qu’il serait  vite repéré, et pourquoi pas, condamné plus sévèrement qu'en France, provocant ainsi son suicide politique.


C’est  alors qu’une série de nouvelles histoires de coeur ou plutôt de cul  glissent sur le directeur général du FMI. Au moins trois, à la connaissance du grand public. Dans l'une d'elles, accusé d’abus de pouvoir, il s'en sort avec la preuve d'une relation consentie et des excuses pour son  mauvais jugement, plus une réprimande de son supérieur. Le fait est que l’autre partie de l’affaire a  bel et bien bénéficié de cette relation consentie pour obtenir une mutation à Londres où elle serait mieux appréciée pour ses compétences professionnelles.

Soutenu férocement par sa femme, qui semble être amoureuse  et consentante à son tour, le couple se montre alors bras dessus bras dessous sur des  photos  proches de la  lune de miel, «comme aux premiers jours», l’on déclarera affichant  bonheur et sérénité. L'affaire est close. Du reste, la presse fait profil bas. 

 Et c’est reparti pour un tour, en ligne de mire désormais les primaires du PS, il se présenterait  comme le candidat d’un consensus que depuis quelques jours il s’afférait à fabriquer par les voies de ses conseillers, afin de plier Hollande, le plus solide adversaire. Même si, ccontrairement à l'autre, il n’avait pas encore déclaré sa candidature. Etant  en poste au FMI il est soumis à un devoir de réserve, ainsi sa candidature à un poste comme celui de président de la république necessiterait qu'il démissionne illico presto. Or, son travail au sein du FMI  est plutôt louable, ses rapports avec Obama et Merkel semblent fluides et facilitateurs.  Le succès dans les négociations sur la dette  grecque, où il avait brillé par sa capacité de négociateur, ne pouvait que rajouter  une étoile à ce tableau déjà  considérable,  se  priver de cette  très bonne réputation serait  dommageable à la popularité et à la confiance grandissantes auprès de la communauté européenne et mondiale. Histoire d’en mettre une couche avant de s’en aller, il préparait habilement son retrait.

Donc,  au plus haut de sa forme il décide de tirer un coup vite fait -ça ressemble à l’autre Mr. Cinq Minutes- avant d’aller déjeuner avec sa fille ; ensuite, Il quitte l’hôtel très naturellement,  sans  démontrer aucun stress particulier, selon une femme française qui l’a rencontré au check-out :  «il était serein et plutôt détendu » dit-elle. Après avoir quitté la suite 2806 de 150m carrés, au 28éme étage de suites présidentielles du Sofitel Manhattan, où sa photo est affichée sur un tableau  pour le personnel, afin d’indiquer  la présence des clients VIP. 

Ainsi, nous savons que notre accusé traîne de casseroles que font un bruit d’enfer!

A  Paris, une autre affaire vient faire écho avec celle-ci, en plus grave si l’on considère que la jeune femme victime a dû se battre physiquement pour ne pas se faire violer. En plus de la violence sexuelle une autre affaire d'abus de pouvoir et de confiance, puisque la jeune femme en question était une  proche de sa famille, amie de sa fille, dont la mère, l'ex-femme de cet homme politique, était aussi la marraine.                                                                                                       

 Tristane Banon, jeune journaliste, pour les besoins du livre qu’elle écrivait, fait appel à lui en toute innocence et profssionalisme. Après l'avoir rencontré pour un  entretien à L’Assemblée Nationale, elle reçoit un texto de l'accusé, qui dans la même journée lui propose un nouveau rendez-vous pour complémenter le premier, mais cette fois-ci dans un appartement où par seul mobilier elle a trouvé une table et un lit.  Sauf que cette affaire, même si racontée publiquement dans l’émission de Thierry Ardisson de février 2007, dont la vidéo est sur Dalymotion, a récolté peu de réactions de la presse  et les quelques manifestations de solidarité ont été rapidement réprimées par l’entourage politique de l’accusé de formes diverses et vairées, allant jusqu’à la menace d’un black-out d’antenne si un autre présentateur maintenait l'invitation faite à Tistane Banon, pour participer de son l’émission, en direct. A ce moment elle devait faire la promotion de son livre que venait de sortir, déjà sans le châpitre consacré à cet homme politique, à sa demande, et par la peur de l’éditrice. Inutile de dire que la fille n’a pas porté plainte, conseillée par sa mère, aujourd’hui conseillère ( c’est un métier! ) régionale PS, amie elle aussi de l’accusé. Le poisson fut noyé entre gens de bonne famille politique.

Ainsi,  nous savons que l’accusé traîne des casseroles que font un bruit d’enfer. Et qu’en est-il de la victime newyorquaise? Sur elle il y a peu de choses, femme discrète, mère célibataire, guinéenne, employée correcte et sans histoire. Il  lui a fallut rentrer dans cette chambre pour que sa vie bascule, dans le propre et dans le figuré.  Et une fois encore l’on entendra parler de relation consentie.  Il faut croire qu'il est vraiment irrésistible, « she said  oui, oui » comme titre le NY Post ce mardi, pas vraiment une référence journalistique.

Serait-ce une femme, de plus, que céderait à l'homme qu’elle rencontre dans une chambre où elle est rentrée quasiment par erreur et pour accomplir son travail de femme de chambre?  Et cet homme,  qui retrouve cette femme rentrée dans sa chambre, quasiment par erreur, a subitement envie de la sauter, c’est aussi inéluctable que ça? Alors qu’il s’apprêtait  à quitter l’hôtel pour rejoindre sa fille au déjeuner !!  Le  mec du matin, qui sans pouvoir s’expliquer pourquoi,  si ça se raidit il faut que ça se soulage? Ou serait- ce cela davantage compliqué par la présence d'une pathologie  connue comme le priapisme? Dont  le cas le plus répercuté dans l’histoire contemporaine sera JFK ?  Ah ! Étrange ressemblance ! Mais le premier le fut pour cause d’une grave maladie de la colonne vertébrale,  renforcée par la prise de médicaments  analgésiques, antidépresseurs, antinflammatoires qui facilitent  le maintient de l’érection.  Notre accusé semblerait plus animé par un appétit d’ogre qu’une maladie encombrante, symptôme de sérieux troubles de la circulation sanguine.

Alors, que va-t- il plaider ? Innocent, c’est aller droit vers un procès, que s’avérera immonde, suivant  les méthodes pratiquées  outremer.  Coupable d’une ou deux des charges  de l’accusation pour tenter une conciliation? Peut être. Surement coupable d'une partie ou de la totalité de chefs accusation pour le Grand Jury, il devra faire preuve de sang froid et filler beaucoup d'argent dans l'hypothèse d'une caution et autant pour des honnoraires d'avocats très réels  Le fait est qu’il sera jugé par un jury sous l’influence de opinion publique américaine qui ne laisse pas passer des actes de cette nature, et que se veut très moraliste et moralisatrice quel qu’il soit le grade de l’accusé. Souvenons- nous de Bill Clinton. Affaire que certainement a inspirée l’attitude adoptée  par la femme de l’accusé, qui reproduit le même comportement d’Hilary lors des démêlées de son président de mari avec une supposée stagiaire, aimant, entre autres, les cigares. Alors, juste une similitude hasardeuse ou prémonition ?

Ce que me sidère c‘est voir comment en France il y aurait une sorte de refus d’admettre une réalité pourtant bien grave et bien évidente pour cet accusé qui va devoir élaborer sa ligne de defense avec son avocat et plaider coupable, probablement.  Alors qu’à Paris l’on s’acharne à couvrir le soleil avec une passoire et que toutes les chaînes vous parlent de la présomption d’innocence, voyons ! C’est une pure arrogance française que de dire cela, car cet homme est inculpé des faits qui lui sont reprochés dans un pays ou la présomption d’innocence n’existe pas, au contraire, il est présumé coupable et il doit prouver son innocence.  Parlé de présumé innocent me fait rire doucement, est-ce que les journalistes français se sont rendu compte que n’étant pas jugé en France, il est soumis aux lois américaines ?   

Qu’est ce qu'engendre cette sémantique absurde auprès du public ? Au lieu de faire la pédagogie d’une justice très différente de la justice en France, car le Droit n’est pas de même nature, les journalistes appliquent une terminologie française comme si elle était l'américaine. Allant jusqu’à nommer la victime présumée victime, au nom d’un équilibre improbable, comme le pendant d’un présumé coupable, et j’insiste, tout cela se déroule entre NY et Paris, avec des journalistes spécialisés, et non pas dans une république bananière quelconque dont on se ficherait bien de connaître les ténants et les aboutissants de l'affaire. Il ne faudra pas s'étonner si bientôt on nous parlera d’un présumé procès, poussons cela à son paroxysme !!

Le fait est que vendredi prochain nous saurons à quelle sauce il sera bouffé et d’ici là il dormira en taule comme n’importe quel autre criminel. Demain, sa femme consentante ira lui rendre visite et lui apportera des oranges,  comme n’importe quelle autre femme de détenu qui s’inquiète de la bonne santé de son « homme ». Elle fera certainement  la gueule car trop c’est trop,  et dira adieux aux projets de première dame de France,  et si elle est encore habitée par la vaine journalistique profitera pour poser des questions sur la vie en prison aux USA pour plus tard écrire un livre. Sachez que le pénitencier de  Rikers Island, là où il se trouve en prison préventive, est loin de ressembler au riad marocain de la famille, il s’apparenterait plutôt à un bout de l’enfer car une grande partie des détenus sont malades psychiatriques de grande dangerosité. Nous savons que notre accusé est en cellule isolée et ne bénéficie d’aucun traitement de faveur, qu'il a en revanche une surveillance antisuicide, mais tout de même… d’ici vendredi, il va devoir « faire sa lessive à la main », comme disent les détenus en France, lui qui avait atteint la quasi plénitude politique, avec un avenir prospère non seulement en France comme dans la sphère internationale, lui qui n’avait pour seul adversaire véritable que lui-même.

Deb Chaves

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